En roulant sur cette magnifique route qu’est Haast Pass, nous nous sommes renseignés sur les randonnées de la région. De bonnes connaissances nous ont conseillé Brewster Glacier (coucou Myriam et Vic si vous passez par là!) en mentionnant le côté « hardcore » de cette rando. Parfait, on a décidé de relever le challenge. Et spoiler alert, elles avaient raison ! Voici notre récit sur Brewster glacier, ou 4 heures de torture pour une vue à couper le souffle.
La région de Haast Pass, où se trouve Brewster glacier
Haast Pass est l’une de nos routes favorites en Nouvelle-Zélande, tant par ses cascades, ses canyons, sa verdure… Et la rivière de Haast à l’eau absolument translucide tout au long de la traversée. Haast Pass est la seule route pour rejoindre la côte ouest depuis Wanaka. Nous nous sommes renseigné pour y faire une randonnée dans la région et Brewster Glacier a conquis nos cœurs. Le lendemain, rendez-vous sur le parking de Fantail Falls pour débuter cette aventure.
Une chose à savoir, c’est que nous aimons prendre le temps de découvrir un lieu, de s’en imprégner, de trouver les meilleurs spots photos et de profiter à fond d’un endroit avant de repartir. Et pour cela, très souvent, la meilleure solution est de pouvoir dormir sur place. Et ça tombe bien, car la Brewster Hut est une hutte réputée par son cadre idyllique et son paysage époustouflant. C’est parfait pour tout ceux qui n’ont pas de matériel ou qui préfèrent avoir un toit au dessus de leurs têtes pour dormir. Mais Sam et moi, on préfère l’aventure et pouvoir regarder les étoiles depuis le lit… Alors pour cette rando, on a opté pour le bivouac au pied du glacier !
Quelques infos pratiques
- La hutte étant de plus en plus populaire, il faut réserver sa place en achetant un ticket au Visitor Center
- Le camping est autorisé autour de la hutte mais il est payant
- Le bivouac est autorisé au glacier, il est gratuit.
- Il est obligatoire de reprendre tous ses déchets avant de repartir et de ne laisser aucune trace
- Point moins glamour, mais évitez la grosse commission au glacier et prenez vos précautions. Il n’y a pas de toilettes au glacier.
- La randonnée est ouverte uniquement aux alpinistes en hiver. Il y a de gros risques d’avalanche quand il neige, en raison de sa pente.
Si vous n’êtes pas équipés, passez votre chemin. Honnêtement, on a vu des gens se rendre à la hutte en matelas 2 places gonflable Décathlon, d’autres sans sac de couchages. Ce n’est pas sérieux et c’est prendre des risques supplémentaires. Soyez averti et préparé avant de vous engager sur la track. Les rangers du DOC vous remercieront.
Brewster Glacier et son mur de racines
La rumeur raconte que la track de Brewster Glacier a été balisée par des grimpeurs, et non par des randonneurs. Comment vous dire… On s’en rend en moins de 5 minutes. Après la traversée de la rivière glaciale de Haast, aux Fantails Falls, nous voilà partis pour crapahuter dans la forêt pendant près de deux heures. Entres roches, racines et gadoue, l’avancée se fait lentement, sans que personne ne parle, trop concentrés sur notre respiration et à regarder là où nous devons poser nos pieds. Heureusement, certaines racines forment des poignées naturels pour nous aider à nous hisser. Cette partie en forêt est interminable et honêtement très crevante. A plusieurs reprises, on se pose même la question du “pourquoi on s’inflige cela ?”
Mais finalement, après 2 heures en forêt, nous voyons enfin le ciel bleu ! La partie la plus hardcore est finie. Il nous reste environ 1 heure à marcher à travers de grosse trachées formées par l’eau avant d’arriver à la hutte. C’est simple, mon cerveau a switché en mode “off” à ce moment-là. Dans mes souvenirs, j’ai l’impression que cette partie a duré une quinzaine de minutes seulement. C’est ce qui s’appelle une vraie déformation de la réalité !
Arrivés à la hutte, transpirant comme jamais, une bonne pause s’impose. La hutte est se trouve sur une prairie au haut de la montagne, offrant un point de vue magnifique sur les montagnes de Haast Pass.
Dernière ligne droite avec Brewster Glacier
Après quelques minutes de repos pour nos jambes, une bouteille d’eau d’engloutie, nous reprenons le chemin vers le glacier. Il nous reste environ 1 heure pour l’atteindre.
Sur cette partie, plus de chemin en vue. Il s’agit d’un pierrier où les cairns nous montrent le chemin. Il est facile de se perdre, encore plus si le brouillard s’invite à la partie. Il faut redoubler de vigilance ! Nous avons croisé un groupe de trois personnes qui cherchait leur ami, perdu il y avait près d’une heure de cela. En fait il y a plusieurs accès au glacier, créant un labyrinthe qui peut vous faire perdre du temps. Pour l’aller, nous arriverons sans problème au glacier, en revanche, nous nous perdrons sur le retour.
Après avoir marché dans le pierrier pendant une heure, nous voilà enfin devant le glacier. Nous nous sentons minuscule face à cette beauté naturelle. C’est la première fois que nous nous sommes aussi proches d’un glacier. Nous cherchons alors notre spot pour la nuit, y déposons nos sacs, avant de nous rapprocher de plus près.
Il est possible de voir même des gens se tremper dans le lac du Brewster glacier, histoire de dire “je l’ai fait” – j’imagine que ça permet de repousser ses limites et renforcer sa force mentale. Autant vous dire que ma charge mentale est partie en courant quand j’ai déposé mes doigts de pieds dans l’eau. Elle est GLACIALE. Mais normal, puisqu’il s’agit bien uniquement d’eau du glacier ! Bref, je salue tout ceux dont la force mentale est franchement plus courageuse que la mienne, l’idée de me faire un bain glacial ayant fichu le camp en un instant (pourtant, j’aurais adoré dire que je l’avais fait, moi aussi ! Une prochaine fois.)
Visite du Brewster Glacier
Les craquements à l’intérieur du glacier sont impressionnants. Certaines galeries sont accessibles mais nous ne tentons pas d’y rentrer. Nous sommes en fin de journée, le soleil a bien tapé sur la glacier toute la journée et les résonnements du bruit de la glace se brisant contre les parois démontrent de sa mouvance. Nous prenons des photos, mangeons une barre de céréales avant de retourner monter notre campement pour la nuit.
Bivouac dans un lieu insolite
Le soir-même, on en profite pour goûter aux repas lyophilisés de la marque Néo-Zélandaise “Backcountry Cuisine”. Autant vous dire que j’ai regretté mon sachet de pâtes ce soir-là ! Nous jouons aux cartes avant de nous mettre au lit. Pas d’astrophotographie ce soir en raison des nuages qui vont et viennent au dessus du Brewster glacier.
Pour une nuit d’été au pied d’un glacier, les températures ont été douces. Avec nos duvets -5 et -6 degrés, nous n’eûmes pas froid un seul instant. Se réveiller dans un cadre pareil sera gravé à jamais dans nos mémoires. Nous étions quatre tentes à bivouaquer cette nuit-là, et le calme régnait sur le lieu. Après un thé bien chaud et une barre de céréales, nous voilà repartis pour revoir une dernière fois ce glacier grandiose avant de reprendre la route. Nous avons même trouvé une fente près du glacier où la composition d’image est parfaite pour faire quelques photos, c’est encore aujourd’hui une de nos photos favorites du voyage. Même si elle laisse à penser que nous y sommes à l’intérieur du glacier, c’est en fait un couloir qui fait cette jolie forme.
Mais il est déjà l’heure de la redescente. Ayant peu dormi cette nuit-là, je sens mes jambes faiblir un peu, et je prends bien plus de temps à descendre. Nous nous perdons même pour nous rendre à la hutte. Attention à ne pas faire comme nous et à ne pas descendre trop bas dans le pierrier !
Arrivés à la hutte, mes jambes tremblent. L’effort physique demandé est colossal et nous ne sommes pas encore à la plus dure des parties, AKA le mur de racines, qui nous attend plus bas.
La redescente de l’enfer
Il nous faudra 3h30 pour redescendre de Brewster Glacier. Si vous pensez que la montée est la plus compliquée, préparez-vous à la descente qui s’annonce épique! Entre les pierres et les racines, il serait facile de tomber, mais beaucoup de branches servent à nous rattraper. Nous descendons, toujours concentrés sur nos pas, nos ventres qui gargouillent et nos sac à dos qui commencent à peser lourd.
Arrivés au parking, on sourit et on se dit qu’on vient de vivre une expérience incroyable. On a mal partout mais on se sent heureux d’avoir pu vivre cela. On se rappellera de cette rando comme d’un effort physique important, l’une de nos plus dures randonnées même, mais d’une vue à couper le souffle et qui mérite bien toutes les courbatures du monde !
N’hésitez pas si vous avez des questions. Rendez-vous sur Instagram @kiwibretons pour regarder notre vlog.
Laisser un commentaire